8 - QUELLE STRATÉGIE ?

Abeta est un marqueur incontournable mais pas une cause

L’hypothèse basée sur neurotoxique étant en échec, il fallait examiner la maladie sous un autre angle.

Il fallait peut-être sortir de la démarche incontournable qui part du gène, de la mutation pathologique, de la mise au point d’un modèle animal avec le gène humain muté, et d’une démarche moléculaire ou chimique pour guérir ce modèle animal. 

Stratégie imparable pour faire de beaux papiers dans Nature ou Science.

Mais qui ignorait superbement ce qui se passe réellement dans le cerveau humain.

Il y a plusieurs explications à cela.

En premier lieu, une simple observation aurait dû modérer l’enthousiasme des chercheurs prônant l’approche par modèles murins génétiquement modifiés.

La première est que la maladie d'Alzheimer est une pathologie spécifiquement humaine. Les animaux développent parfois des dépôts amyloïdes mais jamais de neurones en DNF. On peut observer quelques neurones en DNF chez les très vieux singes, mais jamais dans le cortex cérébral, comme dans la MA.

Effectivement, que se passe-t-il dans le cerveau humain ? Cette question, nous semble-t-il fondamentale, n’intéressait pas les chercheurs. Ou les rebutaient.

On peut comprendre la facilité d’utiliser les modèles animaux transgéniques, à la fois disponibles dans les laboratoires de pointe d’une part,  et les mutations pathologiques Alzheimer bien décrites d’autre part.

Mais la deuxième raison est qu’il est, ou qu’il était, pratiquement impossible d’étudier l’histoire naturelle et moléculaire du tissu cérébral humain au cours du développement de la maladie d’Alzheimer. 

Pourtant c’est cette voie que nous avons choisie. Car d’entrée de jeu, guérir une maladie sans connaître son évolution moléculaire chez l’homme, alors qu’elle est spécifique à l’espèce humaine, nous semblait aberrant.

La difficulté, majeure, voire insurmontable, était que pour décrire la maladie d'Alzheimer il fallait accéder au cerveau humain post mortem. Car cette maladie ne touche que le cerveau. Pas de trace biologique à l’extérieur, ce qui aurait permis de faire un diagnostic facilement, ou peut-être d’en découvrir les causes. Pas d’imagerie assez performante pour comprendre ses mécanismes intimes.

Il fallait donc passer par l’autopsie et le prélèvement du cerveau, et l'analyse biochimique des différentes régions cérébrales.

Ce qui se faisait en routine du temps d’Alzheimer, mais qui était totalement proscrit en France dans les années 1980.

 

 

Etape 9 : Constitution d'une cérébrothèque